I - II s'agit de mettre en relation de trace à surface et de sens a support, par une série de traitements plastiques, un texte, et une texture socialement connotée, le textile. Ce dernier est déjà, avant que l'ecriture où la peinture ne s'inscrivent à sa surface, le lieu où le continuum de signes resultant des croisements de trame et de chaîne et des combinaisons d'armure, produisent un espace spécifique chargé de significations, de perturbations, de censures (1). Une peinture spéculaire a refoulé cet espace sous les couches de couleurs et de vernis, ou l’a redoublé, au niveau de son imagerie, par la surenchère des tentures, drapés, etc ... (Procédé classique du recel de la « lettre volée »). II peut être aussi fait référence, dans la problématique Texte/textile, àcertaines mythologies africaines (Cf. Marcel Griaule) pour lesquelles la combinaison de 26 bandes de tissu met en scene la "création du Monde".
II - La surface textuelle et la surface textile produites par le corps se mouvant, cachent, sous lesglacis idéologiques qui les recouvrent, le mouvement, le travail et l'agitation qui les sous-tendent. II s'agit en operant la destruction de cet écran, c'est a dire en reconsidérant le « lire » et le « voir »dans la perspective ouverte par le materialisme dialectique et historique (2) de restituer aux gestes élémentaires, croiser, tisser, marquer, etc ... leur charge signifiante, et de les soustraire, dans le cadre d'une lutte ideologique et politique générale, à l'emprise du fetichisme marchand et des idéologies reductrices.
III - Dans une telle pratique scripturale/Picturale, le référent est reporté sur la scène même des signes : marquages,empreintes, supports, signesalphabétiques ou idéogrammatiques, ce qui exclut par avance toute speculation "poètique ",toute inversion idéologique au travers de la « caméra obscura » d'un sujet transitoirement artiste.
Jean MAZEAUFROID
(1) Marx fait justement remarquer que la surface du tissu, sa qualité de tissu, occultent le mouvement et les actants de son procès de production « L’ouvrier a tissé et le produit est en tissus ». (Le Capital, livre I).
(2) Se reporter à l’introduction de « Lire le capital » de Louis Althusser. (Maspéro ED.).