Le week-end à la M.C.O.
"J'ai toujours pensé que le travail de la peinture avait quelque chose d'ambigü. Je voulais donc exacerber cette ambiguïté. En "66/67", avant les camouflages, j'ai fait quelques tableaux dans lesquels je traitais de l'image et de la politique, mais de manière ambiguë. On peut les interpréter comme on le souhaite. Je voulais montrer à quel point les codes culturels et autres étaient dépassés. Tout ce qui nous permettait d'établir un échange, un contact, au niveau de la peinture, n'était qu'une convention. Je voulais montrer que cette convention ne voulait rien dire. En fait, j'ai vérifié que nous pouvions facilement dire le contraire de ce que nous voulions dire avec des codes théoriques très clairs.
J'ai également toujours eu un problème concernant l'engagement politique. J'ai toujours aimé assumer une attitude un peu provocatrice, celle d'être de gauche dans une maison bourgeoise et réactionnaire dans une maison de gauche."
Peter Valentiner
Dans le tableau "I'm a lonesome cowboy", réalisé en 1969,Valentiner "collague" différentes images dans une surface picturale divisée selon l'ordre de la grille mondrienne. Toutefois, la grille n'est respectée que dans l'orientation et la répartition des images partielles, mais pas dans ses limites, de sorte qu'il en résulte l'impression qu'il s'agit de cartes postales collées les unes sur les autres et les unes à côté des autres. L'impression de cartes postales est encore renforcée par les motifs et leur réduction formelle, extrêmement frappante, à de simples silhouettes : la silhouette d'un cow-boy de rodéo apparaissant sur le dos d'un cheval devant le cercle lumineux d'un soleil levant, l'image de l'ombre d'un autre cow-boy conduisant une vache à la maison au crépuscule, la silhouette d'un downtown américain et l'image d'un drapeau coréen flottant au vent. En les associant à la figure centrale d'un GI en armure complète, qui se perd - "I'm a lonesome cowboy" - comme une silhouette solitaire dans un paysage d'Extrême-Orient, elles acquièrent toutes un contenu politique et critique qui découle des oppositions contrastées de ces "idylles" à vocation publicitaire.